yu cerclé d’or et de diamant,  prestige d’une lignée qu'elle trimballe sur la surface glacée de ses papiers d'identités. C'est une enfant privilégiée. Une de ceux qu'on dit bien nés. Naïade insouciante dont la cuillère en or forgée a toujours sommeillé entre leurs lèvres rosés. Sooah qu'elle sème sous ses pas, au goût d'amertume et au faste des tracas. ( Shu ) pour ceux qui tentent la proximité, les épines rentrés et les mensonges murmurés. Elle est comme un mal facétieux la demoiselle, à s'en déchirer la gorge et s'en brûler les artères.  

23 hivers à se complaire de la maturité factice des enfances sacrifiés, une vie minutieusement planifiée sur papier glacée, parcours tout tracer pour l'héritière qui avant d'être une gamine était avant tout un projet. Il y a tant d'espoir à chaque goutte écoulés au creux du sablier, tant de rêve avortés sous le poids de ces agaçantes responsabilités. Elle était un peu moins que ça Sooah. Enfant pansement destiné à réconcilier papa et maman.

Yecheon dans le coeur et sur les lèvres. Elle a la Corée infusé jusqu’au grain de sa peau, fardée sur ses joues teintés de rose.

Tragic comedy, qu’elle se plait à constater. A croire qu’une pointe de cynisme pouvait toujours tout justifier. Sooah elle a Jieon. Jieon pour l’approbation matrimoniale. Jieon pour ses bras qui réconfortent et ses mots qui consolent. Jieon avec qui tout est toujours facile, vieil ami dont elle devine les humeurs d’une simple oeillade, qu’elle bouscule pour mieux retrouver. Jieon qui au final, a cet éclat de presque éternité. Mais Sooah, elle est malade. Malade de lui. Malade des maux qui distille sur la courbe de son dos. Malade de ses sourires qu’il distribue à tous, ces perles nacrés qu’il lui refusent. Qui se dérobent à elle. Ô terrible sorcière qui lui aurait volé ses espoirs et sa jeunesse. Elle est intoxiqué Sooah. De cet amour imaginaire. De ce lien d’âme qui pèse sur ses épaules comme un ultime regret.

Etonnamment brillante, mademoiselle suit une formation d’ingénieure en aéronautique. Elle détonne, à défaut de meilleure mot.  Son parcours se ponctue de concours en tout genre et de récompense qu'elle accumule comme tout autant d'ornements: anxieuse boulimique d’attention et de reconnaissance. Elle veut le changement, une incessante révolution, combler un manque dont elle n’a pas conscience, quérir l’ultime compliment de celui qui ne la regarderait jamais vraiment.

$$$$, fortune indécente qui accompagne les cartes ébènes. De ces familles dont la lignée s’est toujours employé à creuser les inégalité gangrénant l’équilibre fragile de leur société.

Ah maman, elle les aime. De cette affection un peu irrationnelle, de cette dévotion toute maternelle. Elle les couve des éclats de sa douceur, des tourments de sa candeur. Elle a le coeur fragile après tout, l’âme encore enfant. Elle leur a très vite apprises que même les grands pouvaient faire des bêtises, comme choisir la pire des raisons pour concevoir ses filles. Mais ce n’est pas sa faute, si maman dérape. C’est simplement parce que papa ne l’aime pas. Ou tout du moins qu’il ne l’aime pas assez, pas comme elle le voudrait. Oh, il essaye pourtant. De l’étouffer d’attention, de la couvrir d’or et de diamant. Mais elle n’est pas son grand amour maman. Elle est son lot de consolation. La seconde femme. Le pansement de son inexistence. Le baume à sa dépression, l’absolution de toutes ses exactions. Alors maman, elle boit. Un verre par ci, un verre par là. Un verre à chaque fois qu’elle ne se contrôle pas. Elle boit pour noyer sa peine, pour rougir sa peau de lait. Elle boit pour la joie que le champagne lui procure, pour l’euphorie qui pétille à chacune de ses bulles.

100% ornement carmin entortillé autour de l’annulaire. Lien d’âme qui chaque jour la nargue de tout son éclat. Elle a apprit à le détester Sooah. A en exécrer la vu matinale, à en redouter la brûlure de la marque.  

Princesse bien entretenue, sportive plus ou moins occasionnel. En apparence, la belle est la potiche superficielle, poupée sans âme et sans relief, formaté dans l'inconfort d'une prison de chair. Mais c’est dans l’intimité qu’elle brille de tous ses reflets. Sooah, elle aime les vieux films indépendants, les oeuvres d’auteurs aux longs dialogues assommant. Son amour de la littérature déborde de ses tiroirs, des piles et des piles de bouquin de cuir relié qu’elle sème dans toutes les pièces, à chaque instant, dans un joyeux fouillis lettré.  Elle a le goût des distractions inutiles, des danses désinvoltes au milieu de son salon, des soirées passés avachit dans son canapé à picorer dans un bol de pop corn sucré.

Sourire perpétuellement présent, fardé de milles et une nuance. Sooah. Elle a le sourire euphorie et le sourire tristesse, le sourire pour masquer sa colère, le sourire pour étouffer ses regrets. Un grain de beauté perdu sous la courbe de son sein, des rouges à lèvres égarés dans le sac de son mec. Une cicatrice, à l’orée de son lien d’âme.

Un laissé aller pour les cigarettes électroniques, au goût de pêche et de framboise, l’haleine perpétuellement marqué de ces éclats fruités qu’elle se plait à collectionner comme une énième fierté. L’amour des cocktails qu’elle prépare avec savoir faire. En tout discrétion parce que non, elle n’a pas le même problème que maman.