Et parfois, il a ce sentiment d'être une coquille vide. À force de regarder les parois, il n'y voit rien, pas même une simple ondulation. Et d'un seul coup, la tristesse l'envahit, mais cette émotion il la connait bien, à la dissimuler quand elle est si envahissante. Puis sa tristesse n'est rien quand il voit les larmes ruisseler sur le visage de la balle, hypnotisée par le tableau aux mille secrets qui affectent les cœurs. Il accuse l'acrylique au lieu de croire aux sentiments amoureux qui s'installent. D'un mouchoir, il aimerait lui tendre, mais il trébuche sur ses pieds, signalant sa présence en essayant de le cacher d'un coup pour oublier la maladresse si honteuse.

Désolation, tristesse. Le musée désert était comme un labyrinthe ensorcelé. Charlie déambulait, cherchant l’oeuvre qui fasse battre son coeur, cherchant le tableau qui subjugue son esprit, les traits d’acryliques qui deviendraient comme sa muse pour ses prochains projets. Son corps s’arrêta soudainement, comme si une flèche lui avait traversé son âme. Le mélange de couleurs, les formes, l’émotion la submergea. Comme une rosée du matin, ses joues furent ornées par des larmes. C’était aussi beau que déchirant. Iel ne s’était pas aperçu l’approche d’une personne à ses côtés. Ce ne fut que le bruit d’un trébuchement qui la fit sursauter. Son visage de poupée entouré par une chevelure de lionne se dirigèrent vers l’inconnu. Son coeur se serra et comme pris par la honte, Lie releva la manche de son sweat-shirt pour essuyer ses larmes.

- Shit murmura-t-iel.  

Pourquoi c'est si cuisant tout à coup ? et pourquoi le tableau éveille les pires émotions qui effritent un peu le coeur ? Il le saurait s'il savait encore s'observer. À devenir pantin de kupid qui éprouve de l'ennui si fort. Iel éprouve de la tristesse autant que lui, a versé les larmes qui s'accrochent au tissu du hoodie. «Shit...» qu'il murmura de la même façon en déviant son regard. Parce quand qu'ils se croisent, il n'aime pas l'effet que cela fait, mais le tableau aussi devient douloureux. Puis sans savoir ni comment ni pourquoi, l'inconnu(e) se retrouve entre ses bras, l'enveloppant dans une étreinte ainsi pour les bercer tous les deux un instant. Il en oublie son geste, guider par la flèche et les conséquences aussi, si les réactions devaient être vives.

L'émotion avait été si forte que Lie avait perdu totalement pieds. Une larme avait caressé sa joue dans une extrême ambiguïté, entre douceur et brûlure. Kupid, quel démon. S'amuser ainsi sans raisons apparentes. L'inconnu à côté d'iel lui brûlait d'un seul coup l'âme, comme si une connexion s'embrasait, comme si un fil rouge les liait. Pourtant, c'était truqué, comme une partie de poker avec des mafieux. Avant que l'afro-américaine puisse s'échapper pour cacher son visage rougi par l'émotion, des bras s'enroulèrent autour d'elle. C'était aussi naturel qu'artificiel, aussi blessant que réconfortant. En tant normal, iel l'aurait rejeté, mais Kupid altérait totalement ses sens et ses réactions.

- Ce tableau est... bouleversant, pourtant je l'ai vu des centaines de fois.

Son visage de poupon étranger se releva vers cet homme, même si la proximité était indécente.

- Je pleure sans raisons, je me sens bête.

Une autre larme perla, contrastant avec un sourire faible qui remontait ses pommettes.

Absurdes sont les choses dans cette étreinte, dans les larmes qui coulent sans cesse sur le mont de leur visage, enjolivés par un tableau des plus neutre, Kupid n’a honte de rien. Il n'arrive plus à relâcher l'inconnu(e), lui offrant cette étreinte tout aussi douloureuse qu'apaisante, cherchant des réponses dans sa tête, ignorant aussi le fil rouge qui s’immisce entre eux. Leurs visages qui se regardent enfin malgré les perles salines et la proximité «Et je n'avais jamais pleuré devant un seul tableau.» De son pouce il vient chercher les larmes vues comme indécentes, les essuyant une par une, avec toute la délicatesse du monde sur sa peau frêle. «Tu n'es pas bête ou alors on est deux.» qu'il murmure dans un sourire à son tour avant de se tendre et de se distancer un instant. «Pardon encore.» Il fallait ignorer tout ça.