astre scintillant au fin fond d'une âme, elle ère en se pensant quelque peu libre. et pourtant. bien enchainé elle est, la princesse d'un royaume dont elle ne veut plus. fausse liberté qu'elle a fini par adopter il y a quelques années. c'est sous la brise glaciale d'une matinée peu ensoleillée qu'elle ère dans les rues. écouteurs aux creux de ses oreilles, l'air chantonnant, elle observe, décrypte certains comportements, prend quelques clichés ici et là pour alimenter les story de ses réseaux, dont elle se fout royalement, mais a t-elle réellement le choix ? ainsi elle finit en un soupir, lourd comme le monde, par s'effondrer sur le bois d'un banc. léger jurons qui s'envole alors qu'elle sent la fraicheur de celui-ci glacer ses entrailles. grimace d'une enfant mécontente, elle se relève finalement, partant en quête d'un latte pour ainsi tenter de réchauffer son corps du mieux qu'elle le peu.

sua s'engouffre alors dans l'établissement non lointain où elle avait ses habitudes. sourires délicats à certains serveurs et serveuses avant de finalement prendre place à une table, passant par la suite sa commande. patience oblige, elle pose ses yeux sur l'écran de son téléphone, privant par la même occasion l'une de ses oreilles d'un des écouteurs pour ainsi se fondre que partiellement dans l'ambiance de la pièce. « ce n'est pas mon latte ? » la boisson glissée sous ses yeux, elle affiche une moue avant de reporter son regard sur le serveur. « il me semble avoir commander un latte macchiato à la vanille... » tantôt confuse, tantôt gênée, elle soupire brièvement avant de finalement hausser les épaules. « mon latte fera un heureux ou une heureuse » qu'elle clame discrètement au serveur qui s'enfuit non sans gêne peu après les paroles de la demoiselle, manquant de trébucher sur la silhouette présente non loin derrière lui. les regards se croisant finalement, elle s'interroge, s'évanouit dans son esprit trouble avant de finalement accorder un soupçon d'attention à ce regard qui semblait insistant sur sa propre personne. « plait-il ? » qu'elle chante à l'inconnu(e) d'un son purement français. peu lui importe que l'autre comprenne ou non le sens de ces mots.

la thérapeute a beau faire divinement bien son travail pour le soigner, il arrive encore trop de fois à sunwoo de se sentir asphyxié par ce terrible paternel. même derrière les barreaux, et à priori incapable de lui causer -ni à lui, ni à sa mère et surtout pas à jiwoo- à nouveau du mal, son spectre plane certains jours sur ses épaules. il est donc impossible pour le jeune homme de poser trois notes sur une partition tant il est perturbé. sa solution du jour réside alors en une promenade, une percée d'oxygène et de lumière dans un quotidien encore sombre et couvert d'une épaisse fumée. jiwoo n'étant pas à la maison, les chats dormant à poings fermés, il est seulement accompagné par son doberman en quittant le foyer familial. par habitude, il a ses écouteurs branchés à son téléphone et vissés dans les oreilles, mais cette fois, ils pendent de façon lâche autour de son cou, il se concentre sur l'extérieur, les bruits de la ville et de la vie. son périple le mène jusqu'à jangan où son attention est attirée de part et d'autres. c'est un quartier qu'il connaît bien pour y avoir joué régulièrement de la musique avec son groupe, il reste cette fois ci interloqué un moment pour regarder un artiste en pleine réalisation d'une fresque murale. après la nourriture de l'esprit, il convient de nourrir son corps, chose que sunwoo se rend compte qu'il n'a pas fait depuis bien des heures, et que c'est sont estomac qui le rappelle à l'ordre. le jeune homme, talonné par son chien, entre alors dans un café dans le but de se réchauffer et de se sustenter. le lieu est assez rempli, bourdonnant de vie, aussi, cela peut expliquer la confusion dans les commandes quand il remarque que le café qu'il a commandé se trouve être inversé avec celui d'une personne attablée un peu plus loin. ses lunettes de soleil sur le nez, il fixe un moment sa tasse fumante entre des doigts délicats, débattant rapidement de la chose à faire pour que la confusion ne devienne pas un problème plus grand encore. la personne plus loin, avec qui la commande a été inversée doit se sentir visée, aussi elle ne tarde pas à répondre.

"plaît-il ?"

et là, c'est le drame, ou presque. parce qu'il reconnaît cette langue qui s'élève par dessus le faible bourdonnement du café. il la reconnaît pour l'avoir entendue il y a de cela quelques années. des images lui parviennent, il se souvient de lumières tamisées avec un fond de musique et cette Voix qui chante par dessus le tout. le ton fluet et léger du français n'est donc pas étranger, mais il se surprend à tiquer malgré tout. il est trop occupé à fixer la boisson, celle qu'il n'avait pas commandée, se trouvant dans sa main pour éviter toute catastrophe alors que cerbère le contourne sans problème pour se diriger avec confiance vers la voix qu'il s'était assurément adressée à lui. le doberman a donc reconnu la jeune femme avant que sunwoo ne pose les yeux sur elle et il s'empresse par ailleurs de lui faire savoir en enfonçant joyeusement son museau contre la main délicate la plus proche de lui pour espérer une caresse après tout ce temps. c'est en se rendant compte que son chien n'est plus à côté de lui que le garçon comprend de ce qu'il s'est passé. il relève ainsi la tête et retire ses lunettes de soleil qui lui bloquent la vue avant d'écarquiller les yeux.

" su- sua noona ? " aucun autre mot ne semble pouvoir sortir de sa bouche tant un océan d'émotions l'envahi, le saisit tout entier. surprise parce qu'il ne s'attendait pas à la revoir, celle qui avait accompagné tant de ses nuits à composer, à vibrer. mais la situation n'attend pas qu'il se souvienne de tous ces moments passés, ils sont, justement, des souvenirs, et ne méritent plus d'être remontés au présent. ses yeux quittent rapidement la figure familière qui est encore assise devant lui pour chercher quelqu'un d'autre avec empressement. parce que si sua est là, sunwoo imagine que son père n'est pas loin aussi. ce même père qui lui a passé un sacré savon la dernière fois qu'il avait vu le père et sa fille. il n'a aucune envie de se faire humilier à nouveau, surtout quand le jeune homme a toujours été innocent, mais cela, le père lim n'avait pas voulu l'entendre. " cerbère, here. on ne devrait pas rester ici ", souffle t-il comme pour se parler à lui même. la prise qu'il garde sur la boisson fumante qui ne lui est pas destinée se relâche quand il dépose alors le latte sur la table pour que la cliente lésée dans sa commande soit enfin servie proprement. un claquement de doigt suffit pour que le doberman se décide à écouter l'ordre qui a été lancé, et c'est avec la queue basse et les oreilles tombantes que l'animal rejoint les jambes du musicien. ils ne peuvent pas être vus dans le même environnement, cela causerait des problèmes à la personnalité de la toile que représente sua, et dieu seul sait à quel point sunwoo connaît son aversion pour son travail. mais comme lui, les enfants des adultes fortunés n'ont pas toujours le choix. les chaînes finissent toujours par refermer leur emprise sur eux, pour toujours, et bien malheureusement à jamais. " désolé pour la confusion. "

reconnaissance certaine après analyse de l'être se présentant face à elle. le sang ne faisant qu'un tour, les frissons qui parcourent un corps plus que faible, elle reste là, sua. muette. baissant finalement ses yeux jusqu'à l'animal curieux. princesse et protectrice des animaux, la voilà qu'elle adresse une caresse à celui-ci avant qu'il ne soit reprit à l'ordre par son maitre. ainsi elle récupère son dû. pas sa main. par cette personne. de tous les êtres présents dans cette ville, il a fallut que ce soit lui. « toi. » cela pourrait avoir un air condescendant dans la tonalité et pourtant, il n'en est rien. seulement de la stupeur. sua surprise, sua sur ses gardes car elle sait que le paternel pourrait la faire suivre. pour l'espionner. « il n'est pas là. » qu'elle claque au visage de l'autre. papa n'est pas là, pour l'instant. ainsi elle le retrouvait, celui qu'elle a tenté d'oublier. celui qu'elle a osé aimer dans le dos d'un père qui ne fait qu'apporter que trop d'importance à l'image plus que le reste.

séparation violente. séparation douloureuse. sua restant sur un gout d'inachevé. sua sombrant plus encore dans ses enfers qu'elle s'infligeait car son propre père l'avait privée de son amour. de lui. « qui es-tu, chae sunwoo pour fuir de la sorte ? où est donc passé ton courage ? » amertume alors qu'elle invite, impose à l'autre de s'asseoir face à elle tout en offrant la boisson qui lui revenait. « a t-on retiré ton droit à la parole ? quelqu'un aurait-il fait pression pour que le néant prenne soudainement ta place ? » rancunière, elle mord autant qu'elle déchiquette sa proie. fin sourire alors qu'elle retrouve le gout, la douceur d'une pointe de vanille au fin fond de son latte. « étais-tu sur une autre planète pour ainsi ne pas pouvoir parler avec moi durant tout ce temps ? » le regard s'assombrit. le sourire n'en devenant que plus mesquin et vicieux qu'il ne l'est déjà. elle veut des réponses sua. elle veut comprendre pourquoi il a été aussi lâche. pourquoi il l'avait abandonné.

d'entrée de jeu, sunwoo sait que la discussion est inévitable. puisque le paternel n'est pas présent, elle peut déverser le venin qu'elle lui adressait souvent, sauf qu’aujourd’hui, la cible, c'est le jeune homme. ses sourcils se haussent quand elle le provoque, elle ne démord pas, et le garçon ne se laissera pas encore traîner dans la boue une nouvelle fois sans se battre lui aussi. " tu sais, c'est drôle de t'entendre parler de néant. surtout quand j'ai cherché à te joindre pendant près de trois heures avant mon procès. il faut croire que monsieur lim a été plus intelligent et t'as fait oublier le principe de présomption d'innocence. " cela suffit à lui clouer le bec, pour le moment, alors il tire la chaise qui se trouve face à elle, et s'y échoue de façon nonchalante. signe indirect tout de suite saisit par le doberman pour retourner près de la jeune femme pour quémander de nouvelles caresses. sunwoo se vexe presque en constatant que son propre animal ne constitue pas un soutien fiable dans cette joute verbale. il quitte son chien des yeux pour les reposer sur le regard assombri de son vis-à-vis.

" tu n'as pas cherché non plus à me recontacter quand je suis sorti du trou, je ne m'abuse ? " sunwoo devait être honnête avec lui même : il déteste le ton qu'il commence à prendre en étant face à celle qu'il avait chérie pendant un temps. il passe rapidement une main dans sa crinière bleue pour retirer les quelques mèches qui lui barrent le champ de vision, soupire aussi, parce qu'il a la drôle d'impression de discuter avec un mur. " mais soit, si cela te fait du bien de croire que c'est de ma faute d'avoir disparu. " elle ne peut pas ne pas savoir. il sait que sa tête a fait la une de nombreux journaux pendant des semaines au début de l'affaire, et encore plus longtemps une fois que son nom avait été blanchi. et pourtant, là, rien. comme si les informations lui étaient parvenues mais qu'elle avait décidé d'accepter et de les prendre pour elle. la bouche du jeune homme devient pâteuse, le dégoût s'installe face à la situation absolument lunaire. son bras se dirige alors vers son propre café qui lui avait été rendu et il s'enfile la moitié de son contenu d'une seule traite avec le secret espoir que le liquide pourra laver la sensation désagréable qui lui pèse dans la gorge et dans le cœur. son paternel aurait été jusqu'à tout lui cacher ? impossible.

la voilà mordante. sanglante. elle pince sa lèvre inférieure. violemment. haine, colère en découle, déguisés sous le liquide qui s'échappe de cette peau bien trop fine, fragile. aux pupilles des enfers, elle offre la vision d'une chevelure bleuté auquel elle voudrait offrir des flammes. brûler un être tant aimé, autrefois. par amertume d'un silence imposé durant trop de temps. qui n'est fait que de sincérité au final ? lui. le paternel. eux ? elle même ? qui croire et qui enfoncer dans les enfers qu'elle forgera de ses mains. aucune réponse valable ne vient aider à son jugement. rien. aucun des mots prononcer par sunwoo ne semble apaiser les doutes et les interrogations d'une princesse brisée. ainsi, elle s'offre les louages de l'animal qui semble jouer la sourde oreille face à son maitre.

sua n'écoute que d'une oreille. sua étouffe un rire, laisse le rictus prôner sur les chairs usées avant que ses doigts claques sous les yeux de son interlocuteur. « allons sunwoo, ne joue pas à ça avec moi s'il te plait. » le calme n'est que fureur. rongée par les flammes, elle offre bien du venin en guise de couverture à celui qu'elle portait autrefois dans son coeur. « n'as-tu pas assez de courage pour répondre ouvertement à ces questions ? pourquoi répondre à mes questions par d'autres questions ? ne suis-je pas celle qui a demander les choses en premier ? » sa main tape le bois de la table avant de glisser jusqu'à sa boisson qui semble glaciale face à la chaleur que je peux dégager son corps. l'enfer lui collant à la peau. elle en perd la notion du temps. elle en perd sa lucidité et ne cesse d'enfoncer l'autre. « me faire du bien ? » le rire anime à nouveau l'écart entre eux. la froideur n'est que factice. « j'étais donc celle qui devait contacter un fantôme ? oh, excusez-moi votre seigneurie, je n'étais pas au courant de ça. » elle applaudit. ironique. la nauséeuse à une nauséabonde attitude. « la prochaine fois, promis ! je m'attarderai à prendre un abonnement pour ghost land ! » large sourire sous ton d'ironie. de provocation. elle finit par apporter le verre à ses lèvres, une nouvelle fois, buvant une gorgée de cette boisson qu'elle affectionnait tant et qui pourtant aujourd'hui, ne faisait que lui donner des haut le coeur. « trouves-toi un peu de courage, sunwoo. tu en as plus besoin que moi visiblement. vraiment. ça en devient pathétique. »

son rire, ses applaudissements, tout est faux, absolument tout. et il ne parvient pas à détecter une seule once de regret, ou même de compréhension. à quel moment son aînée est-elle devenue aussi égoïste? sua n'est plus là, cela ne peut être elle. comme si elle avait été la seule blessée et meurtrie par cette histoire. le garçon redresse une main pour se pincer doucement l'arète de son nez, il inspire longuement à nouveau, malgré les accusations qui pleuvent sur lui. " par pitié sua ne me parle pas de courage. ne me parle pas de ça, alors qu'il n'y a plus que toi qui est emprisonnée contre ton gré. "

ses yeux sont presque tristes, presque. parce que sa colère est toujours visible, elle domine telle une tempête agitant l'océan. tout ça à cause du vicieux paternel, celui qui n'a jamais accepté que le garçon soit une des causes de la prise défaillante sur la vie de sa fille. et l'absence du jeune homme absence pour pouvoir la tirer de ses griffes acérées lui a servi pour lui retourner complètement l'esprit. si sunwoo ne travaillait pas à la sauvegarde de son intégrité et à sa stabilité mentale, il aurait sûrement sombré à nouveau, en se jetant corps et âme pour sauver son amante d'autrefois." tu sais tout autant que moi qui est à la source de tout cela " accuse t-il alors à son tour avec détermination. " tu le savais très bien au début et tu as sciemment choisi de t'engager dans quelque chose de sérieux pour échapper à son contrôle omniprésent. et tu ne peux pas m'accuser de ne pas avoir été ton soutien dans tes moments de doute, parce que tu sais que ce serait un mensonge. " sunwoo ne tremble pas cette fois. avant, il prenait soin de choisir ses mots pour lui parler, parce qu'une phrase de travers et tout pouvait basculer. son regard se reporte sur sa tasse à moitié vide, et il a l'étrange sensation d'y voir la représentation de ce qu'il reste entre eux : un trop plein qui devient peu à peu un contenant vide. " j'avais besoin de toi, ce jour là " reprit-il calmement. elle semble à peine lui accorder son attention, mais cela ne l'empêche pas de continuer. " pourquoi tu continues à le laisser gagner ? " pourquoi continue-t-elle à se blesser sans demander son aide ?

l'impatience la ronge. elle noie son regard dans celui de l'ancien amant. souffle brûlant, elle claque ses ongles sur le boit d'une table innocente. la boisson refroidissant sous ses yeux, elle vient glisser sa langue sur la commissure de ses propres lèvres. signe dévastateur. tout se bouscule au milieu de son esprit déjà fort torturé. inconscience même qui la ronge. les voix raisonnent dans sa tête. les souvenirs s'entre choques dans une coquille qui ne cesse de se briser à chaque flash distordant. ainsi, elle se brise à nouveau sua. aux mains qui finalement se mettent à trembler comme de véritables feuilles. le regards de braise qui se vide, offrant désormais que du néant. plus rien n'en découle.

elle même se retrouve vide.

vide de sens. vide d'amour. vide de sentiment. elle n'est que néant et silence. la voix de sun woo n'est faite que par résonnance au loin. échos. difficile de déterminer si son état n'est que rage dissimulé, ou simple crise qu'elle avait finit par développé au fil de ces derniers mois. « emprisonné contre mon gré ? » murmure, car la force n'est plus. elle s'en est allée, elle aussi. elle l'avait quitté il y a peu. le son n'est que nonchalant. sa main s'écroule, laissant les doigts glisser sur la fraicheur du bois pour revenir contre son corps. « ai-je le choix ? » emprisonnée, oui. bien des années pour ne pas dire depuis toujours, elle l'était. cage doré à la porte partiellement ouverte. mais le maitre tenant les ficelles de cette marionnette qu'est sua n'est jamais bien loin. enfant détesté par le géniteur, qui finalement ne voit en elle qu'un compte en banque. « t'as été qu'un lâche sunwoo. du début, à la fin. » sourcils qui se froncent alors qu'elle se hisse sur ses jambes, quittant la table. cherchant à fuir la présence de l'autre. « il n'est pas le seul fautif de tout ça et tu le sais. » affront de dernière minute. question qui réveille à nouveau la fureur de celle qui n'est que pantin.

elle détourne la table, les talons claquants sur le sol alors que certains regards viennent à se poser sur eux. sua, maitresse d'une situation qu'elle aurait voulu éviter. maitresse d'une rage qu'elle ne contrôle guère. car elle est ainsi depuis quelques mois. instable. « et les jours d'après ? et aujourd'hui, t'as toujours besoin de moi ? » le sourire n'est que démon alors que son visage se rapproche de l'amant perdu. permission offerte, imposée. « tu as besoin seulement quand ça t'arranges. » murmure glissée au même titre que sa boisson qui finit par arrosé son interlocuteur. peste. garce. détestable à souhait. instable. encore et encore. « qu'il gagne autant qu'il le souhaite, car il faut bien un gagnant auprès de moi, non ? » ricanement détestable pour beaucoup. la voilà qui se redresse et cherche à quitter les lieux, car au final, à quoi bon rester ? l'humiliation ne faisait guère partie de ses plans, après tout.

le jeune homme peut voir les sombres nuages qui planent au dessus de son vis-à-vis. il reconnaît bien une phase de doute, crise accentuée probablement par ses propos déplacés. il voudrait s'excuser, mais il pense que cela peut envenimer les choses et que ses intentions finissent par être mal comprises. il reste assit, figé, impuissant, et constate avec douleur un tremblement qui s'est déclenché au niveau de ses mains. sunwoo se mord l'intérieur de la joue mais ne détourne pas le visage, il aimerait partager la détresse et la souffrance qui se dégage de ce corps qu'il connaît que trop bien. mais le triste spectacle prend fin pour qu'à nouveau ce soit la colère qui emporte tout sur son chemin. oui car au final, tout restait de sa faute à lui. c'est du moins ce qu'elle veut lui faire croire, et elle pourrait presque y arriver. le garçon accuse les mots difficiles et baisse la tête, il n'arrivera pas à lui faire entendre raison.

la voilà qui se lève, qui s'approche, sunwoo retient -involontairement- son souffle et qui lui assène le coup final. le contenu du latte n'est que la cerise sur le gâteau de son coup de maître. le jeune homme a gardé la tête baissé pour ne pas la fusiller du regard, ce n'est pas elle qu'il doit haïr, c'est son maître-chanteur le principal fautif. c'est le museau de cerbère sur sa main, pendue dans le vide, qui le ramène à la dure réalité. son jean et son sweat sont partiellement ruinés, ils commencent même à lui coller désagréablement à la peau, échec cuisant, mais la guerre n'est pas finie pour autant. son absence de quelques secondes a permis à son amante d'autrefois de prendre de l'avance. aussi, rapidement, la figure voûtée, presque pliée en deux sous le poids et la colère, du désespoir et de l'humiliation, se redresse de la chaise et franchit la distance de quelques pas qui la séparent de sa cible. avec un naturel déconcertant, sunwoo applique une main dans le dos de sua pour la guider jusqu'à la porte du café -comme un couple qui ne s'était pas séparé- avec le doberman sur les talons. la prise se retire à la seconde où l'air leur fouette le visage, surtout dès lors qu'il y a moins de spectateurs de toute cette mascarade. " j'arrive pas à croire que t'es bloquée sur le même disque encore depuis tout ce temps " réplique-t-il enfin. " t'as pas besoin d'avoir quelqu'un à côté de toi, sua. t'es bien assez forte pour te porter toute seule " et le regard qu'il lui adresse, dur et rempli de détermination, appuie fermement sur les mots prononcés.

" j'ai réussi à changer ça, alors toi aussi tu peux le faire. " renchérit-il après quelques secondes de silence, son ton est plus calme à présent. il aurait tout le droit du monde de s'énerver, de s'emporter et de commencer à crier, mais il sait aussi combien la communication a toujours été un moyen privilégié pour faire passer ses idées. il a juste manqué de temps dernièrement. " je comprends que ça paraisse impossible, mais ne faisais-tu pas partie de ceux qui m'ont dit de tenter ? " il la regarde faire les cent pas devant lui, il pourrait presque imaginer voir des engrenages entamer une course folle.

" j'admets que c'était peut être un peu égoïste de ma part " conclu t-il alors en glissant ses mains dans la poche avant de son sweat. elle est mouillée et la sensation est détestable, mais c'est un geste pour montrer qu'il n'allait plus se battre, qu'il allait juste parler, et surtout écouter, éponger ce que la jeune femme avait besoin de laisser sortir. " j'avais juste besoin de sortir de ce putain de cercle vicieux, je pouvais pas le voir faire du mal à jiwoo. "