run away sooah, elle avait mal. une douleur diffuse qui semblait pulser jusqu’aux creux de son être, résonner entre ses chairs, figer ses traits. mais il y avait quelqu’un et plus encore, il y avait un corps qu’elle avait déjà sentit contre un le sien, un amour perdu, un amour déçu, une aspiration entre les lèvres au plus fort de ses déplaisirs - elle aurait préféré qu’il ne soit pas ici. elle avait le souffle tranquille qui se renouvelait avec précaution, l’air malhabile qui peinait à correctement remplir ses poumons. elle ne se souvenait pas de l’impact, ni de son corps projeter en avant qui s’était apparemment fracassé contre les sièges de l’habitacle. il ne restait que les trous noirs de sa mémoire et le ballet incessant de ses parents entre sa chambre et leur récent appartement. excessif? sans doute oui. sooah, sooah. elle soulève ses paupières, un soudain soupir sur le bord des lèvres. elle ne l’avait pas rêvé, la présence de dojin à ses côtés. son regard concernés qui peinait à se fixer, qui aurait presque pu lui extirper un sentiment de pitié. mais sa pitié, sa compassion, il en avait usé, étirer la corde de ses sentiments jusqu’à ce qu’elle en soit écoeuré. qu’est ce que tu fais? ce n’est pas agressif - elle n’a ni la force ni l’envie de se battre avec lui. elle ne peut que se redresser, une main posé sur ses côtes tiraillés. à espérer qu’il ne s’attarderait pas, qu’il ne s’y risquerait pas cette fois là.

run away respire fort, expire trésor. il y a des reflets dans ses cheveux et des bancs de pèlerins à nageoires qui lui traversent le regard. Elle a l'air sereine, et sa poitrine lente, la combattive silencieuse, dans le doux cahotement des poumons, du thorax, des cages oxygénées, ne se soulève pas. Parce qu'il ne se passe rien. Elle ne pense à rien d'autre qu'à la scène qui vient de se dérouler. Que faisait-il là? Pour qui il se prenait? Ce n'est pas de la morgue. Ce n'est pas de la superbe. Elle ne pense à rien. Elle était éteinte. Sa tête était vaste et poreuse, un globe de verre, un cosmos immergé et un petit étang aux eaux stagnantes où la cervelle macérait dans les idées bleues. Elle tiqua doucement de l'oeil droit, du sourcil gauche ; pris de ces minuscules gestes à fleur de peau, et sans odeur, et sans impact, et si cliniques qu'on ne les voit pas. Elle ne voulait pas de lui à ses côtés, qu’il agisse toujours comme s’il ne s’était jamais rien passé. elle le sait ta copine que tu vois encore ta soulmate? son menton s’incline, alors qu’elle tend la main pour appuyer sur le bouton d’appel, essayant avec de bouger avec précaution afin de ne pas déplacer sa perfusion. enfin, si elle sait que j’existe évidemment.

run away donc ça aussi c’était faux. elle le savait pourtant sooah, que dojin n’était pas quelqu’un de bien. que même lorsqu’il essayait de faire naitre la joie, lorsqu’il veut couvrir votre bouche d’un sourire, quand il veut porter vos poignets haut, haut dans le ciel pour venir cueillir le fracas de vos rires, ça ne marche pas - ça ne marchera sans doute jamais. et il n’était que ça surement - une invasion de tiédeur, un vrai soleil qui peinait à briller de tous ses éclats et pénétré avec force dans les côtes. il émettait une lumière bien trop égoïste pour cela. il était entrain de s’immiscer comme une bourrasque qu’on n’avait pas désirer, réouvrir des portes qu’il avait incessamment refermé. un vent moqueur qui grimpait dans son ventre, montait sur son dos,  pressait ses doigts brûler contre sa nuque - lui volerait-il son oxygène si cela lui faisait du bien? j’applaudis l’effort pour me chasser de ta vie dojin mais tu n’avais pas besoin de te montrer aussi créatif, le message est passé depuis longtemps.  finalement sooah, elle était bien plus que ce qu’elle avait pu penser - sooah, elle l’aimait sans le vouloir et se surprenait encore à n’en tirer aucun espoir. peut être - peut être, qu’elle pouvait même entrevoir le gouffre de son désespoir. à entretenir un sentiment qu’on ne désirait pas mais qui s’imposait à chaque seconde. à soudainement préféré s’amputer d’un membre plutôt que de se retrouver coincé en sa présence. c’est marrant tout de même. son sourcil se redresse alors que son regard s’attarde sur son visage. depuis ce dîner où tu m’as demandé de t’ignorer, j’ai l’impression que tu n’arrêtes pas de t’imposer. make it make sense, non?

Un mélange d'émotions l'avait saisit. Dojin était à la fois triste et fâché. Et il s'obligea presque à sourire devant l'infirmière. Merci, c'est très gentil, répondit-il nonchalamment. Mais nous ne sommes pas en couple, fit-il observer dans un soupire gêné. Aussitôt, Dojin lâcha la main de Sooah. Il n'avait pas envie de la mettre mal à l'aise, surtout après l'échange tendu qu'ils avaient eu plus tôt. Après tout, elle avait raison. Dojin était le seul et unique responsable. C'était son idée. Ses choix. Ses erreurs. Et il était trop tard pour les regrets. Il n'avait pas d'autre choix que d'assumer les conséquences de ses actes. Seulement, il ne pouvait pas s'y résoudre, car avouer ses tords reviendrait à assumer ses sentiments pour Sooah. Mais avait-il d'autres choix ? Pas vraiment. Et Dojin ne voulait pas perdre Sooah. Pour lui, c'était inconcevable. Inimaginable. D'une certaine manière, il tenait à elle. Il l'aimait. Sooah, soupira-t-il d'une voix tremblante, comme ébranlé par ce qu'il s'apprêtait à dire. Je pense que je n'ai jamais vraiment réussi à te sortir complètement de ma vie. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais j'ai sans cesse ce besoin impérieux d'être auprès de toi, finit-il par avouer. Et ça me rend malade de ne pas savoir si c'est cause de ce foutu lien qu'on a, ou si c'est simplement parce que j'ai de réels sentiments pour toi. Mais je sais très bien que ça n'excuse en rien mon comportement et la façon dont je t'ai traité jusqu'à maintenant, ajouta-t-il l'air confus. Dojin ne savait plus ce qu'il disait. Il parlait sans s'arrêter, ne pensant à rien d'autre qu'à elle. À la vérité qu'il lui devait. Aux excuses qu'elle méritait. Mais rien de tout cela ne semblait vouloir véritablement sortir de ses entrailles. Je sais que j'ai merdé. Et j'en assumerais les conséquences, mais je ne veux pas te perdre pour autant.

run away ah ça non, nous ne sommes pas en couple. sooah glissa sa main derrière sa nuque, geste qui accompagnait souvent ses moments de réflexions. car il n’y avait rien de plus accablant que le débit de dojin et le flot de ses confessions. mais elle l’avait connu tellement cruel, tellement égocentrique, tellement facétieux à son égard qu’elle ne pouvait même pas l’imaginer sincère. ce n’était qu’un instant de regret, un sursaut de l’âme face à son accident, la crainte que peut être - peut être, elle puisse partir sans qu’il n’ait laver sa conscience du poids de ses méfaits. si ses souvenirs étaient on - et elle aurait préféré qu’ils en soient autrement- c’était le même visage qui avait nier leur relation après qu’elle ait passé sa première nuit entre ses bras. les lèvres qui l’avaient embrassés, les doigts qui l’avaient caresser et cette voix qui avait souffler son nom, qui l’avait enrober dans le mensonge de son affection. assumer hein elle voulait qu’il lui restitue l’énergie qu’elle avait gaspiller à son égard. elle voulait qu’il lui rende les sourires qu’elle lui avait offert alors qu’il s’acharnait à sans cesse envoyer leur sentiment valser par terre. elle voulait qu’il lui rende l’écho de son âme, celle qui battait à l’unisson et vibrait à chaque fois qu’il s’esquissait dans son champ de vision. comment? mais ce n’était pas possible, évidemment que ça ne l’était pas. dojin était son grand amour. ce lien au final, avant que tu n’en fasses ton cheval de bataille je n’y pensais même pas. je t’aimais juste toi et ton caractère à la con. tu en as fais ton obsession dojin, tu t’ai dis que je ne valais pas la peine de passer outre ou même d’essayer de faire en sorte que ça marche malgré tout. était-il le seul à pouvoir crouler sous le poids de sa fierté? alors qu’est-ce que tu veux qu’on soit, toi et moi? qu’est ce qu’il reste au final?

run away sa voix se faisait plus basse, plus douce, plus contrite. Dojin avait relégué son insolence pour sa gueule d’angelot tombé de son balcon. Dojin, pour le désordre de ses cheveux, Dojin pour sa jeunesse éternelle, Dojin pour cette femme là, en face de lui, dont il ne savait que faire. Dojin, dont le malaise transpirait, qui ne savait que faire de ses pieds. De son corps, de son esprit et qui pataugeait dans la stupidité. Ses yeux ne décrochaient pas de l'autre. Sooah pour son calme, toujours calme, presque glaciale. elle craint te façon d’avoir de l’affection pour les gens. elle lui avait surtout apprit qu’il n’y avait qu’un pas entre l’amour et la haine. que rien n’était plus fort, plus entêtant que la colère qu’on éprouvait auprès de ceux qu’on aimait. et elle lui montrerait peut être, qui sait, qu’il est parfois nécessaire de tourner la page. peut être que ça, ce statut quo, était ce qui conviendrait. peut être que ce semblant de normalité marquait la fin de ces années de disparité. amis… le mot était fort. sans doute trop pour décrire ce qui n’avait pas encore été détruit. essayons déjà de voir si on peut se fréquenter sans se disputer. c’était, après tout, le mieux qu’elle pouvait lui accorder.  

Mal à l'aise. Dojin était véritablement mal à l'aise. Il ne savait plus où poser ses yeux ni comment se comportement. Pour autant, il ne pouvait pas s'empêcher de la regarder ; de la détailler du regard. C'était plus fort que lui. Il était comme hypnotisé par elle. Et il y a bien longtemps qu'il avait laissé tomber tout désir de lui résister. Oui, je pense que tu as raison, soupira-t-il déçu par sa réponse. Je pense que ça peut être un bon début. On verra bien comment évolue notre relation par la suite, ajouta-t-il avant de se lever. Malheureusement, Dojin ne pouvait pas rester plus longtemps. Il devait retourner en cours. Je dois te laisser, sinon mes profs vont se demander où je suis passé. On se voit dès que tu sors de l'hôpital, dit-il le cœur lourd et serré. Repose toi bien, Sooah. Une dernière fois, il prit sa main dans la sienne, passant ses doigts calleux sur les siens. Puis, il se redressa et partit en direction de la sortie.