la vie commence mal quand tu t'appelles bébé numéro un. juste ça. pas de nom de famille, rien. bébé numéro un, né le 9 juin 1995 à 22H10, blood type AB. hana. ensuite, il y avait bébé numéro deux. duri. était-ce voulu, faisaient-elles parti d'un concept? elle ne saura jamais vraiment, mais pour hana, ce que ça voulait dire, c'est qu'elle n'était qu'un numéro, un enfant pas voulu.

hana, dul, set...
하나, 둘, 셋...
1, 2, 3...

imaginez s'il y avait eu un troisième.

ça lui a pris de nombreuses années pour comprendre que la vie en corée du sud était loin d'être la même qu'aux états-unis d'amérique. les bébés abandonnés ne pleuvaient pas autant ici que là-bas, mais c'est toute la culture qui influence les choix de chacun. jamais de la vie la mère biologique de hana et de duri aurait survécu au backlash d'une société entière. surtout pas avec deux bébés. ça coûte cher, un bébé. deux bébés... surtout quand on est encore sur les bancs d'école.

(tw : mort infantile)
mais hana ne se souvient pas d'avoir fait partie d'un duo. elles avaient à peine 14 mois quand duri ne s'est jamais réveillée d'une sieste. mort subite. en réalité, infection pulmonaire. aujourd'hui, hana regarde des photos avec la plus grande confusion. qu'est-ce qu'on peut faire? rien. il y avait juste un drôle de vide impossible à expliquer.

elle a vécu seule parmi tant d'autres, longtemps, la belle hana, mais en 2002, un gentil couple homosexuel avait décidé de l'adopter. elle avait sept ans, toute l'attitude d'une pré-adolescente, prête à se saboter à tout moment, car savait-elle faire autrement? mais non, en fait elle avait compris qu'elle devait attirer l'attention. malgré ses crises de nerf, hana était gentille et se trouvait toujours à avoir une pointe de raison. est-ce que ça justifiait le coup de poing dans la face d'un autre orphelin, parce qu'il avait brisé son livre de coloriage? non... mais on doit faire attention aux biens des autres, surtout lorsque l'argent ne coule pas à flots. hana, sept ans, presque quatorze. elle roulait les yeux lorsqu'elle entendait les niaiseries des autres enfants et rétorquait dès qu'elle avait l'occasion. et lorsque ses quelques amis proches partaient pour toujours, c'était la catastrophe, les crises. pourquoi toujours se faire abandonner? sur quoi s'accrocher? l'attention des gentilles dames qui s'occupaient des orphelins... et la roue tourne, la roue tourne encore et encore. les miller avaient tout de même vu quelque chose en elle, allez savoir quoi, mais voilà hana qui s'envolait vers les états-unis, à new rochelle, banlieue de new york city, abandonnant à son tour les orphelins de séoul. dire au revoir à sa personne ressource, sunhwa, avait été déchirant, la seule qui voyait au delà de ses crises de colère. sunhwa qui lui avait dit qu'elle n'était pas un chiffre, mais plutôt la première dans son coeur.

une fois en amérique, c'était... l'enfer.
à un moment, hana avait voulu retourner à séoul.

elle parle pas l'anglais la petite. tout ce qu'elle sait, c'est que pink, c'est rose, et en gros c'est pareil qu'en coréen, mais avec l'accent. hana a toujours dit pinkeu. sa couleur préférée. mais heureusement, immergée dans la culture américaine de cette façon, hana avait finit par apprendre, et un an plus tard, ça allait un peu mieux, outre son comportement. elle avait si peur d'être oubliée. et donc à l'adoption du dernier, son grand frère, hana avait explosé. paniquée, elle était certaine que ses deux papas l'oublieraient.

mais non, hana... mais non. jamais de la vie. ouf! avec les années, hana avait compris que ses papas n'allaient jamais l'abandonner. ils avaient vraiment tout fait pour la rassurer. petit à petit, leur lien devenait plus fort, de même qu'avec la fratrie. ils vivaient ensemble quelque chose de bien unique. personne d'autre ne pouvait aussi bien la comprendre, finalement.

aujourd'hui, hana est si reconnaissante. mais son caractère est bien forgé. elle se fout dans le trouble toute seule comme une grande, c'est plus fort qu'elle. malgré tout, on peut dire qu'elle a réussi à s'en sortir, et quand même bien. elle a gradué du highschool, puis a eu son diplôme en électronique. ça, personne ne l'avait vu venir. il faut dire merci au voisin de lui avoir partagé sa passion. mais les défis, hana en a encore tout pleins.

et les défis, ils continuent à yecheon, banlieue de séoul. elle est partie sur un coup de tête, au début de l'année 2021, après une grosse dispute avec son ex. fin de la relation. nouveau départ. elle est difficile à suivre, mais on peut facilement la retrouver devant une machine. elle vit sa vie au jour le jour. mais récemment, l'apparition du chiffre 6 sur son pouce droit l'inquiéta. ça ressemblait drôlement à une manifestation d'âme soeur ça... what?

˚ ༘♡ ⋆｡˚ caractère ˚ ༘♡ ⋆｡˚
une troublemaker, question de faire des vagues un peu partout autour d'elle, pour qu'on sache qu'elle existe. troublemaker troublée. elle ne fait pas toujours les meilleurs choix, tourmentée par ses démons qu'elle n'a pas encore totalement saisis. la peur d'être abandonnée, oubliée, d'être toute seule. au fond, hana n'est pas une mauvaise personne. elle est fun, vraiment amusante, toujours là pour faire rire la compagnie. un électron libre, confiante, aventurière. prête à tout, là pour défendre ses amis, sa famille, les gros yeux menaçants, la bonne répartie, toute l'attitude, et les câlins pour consoler les autres. hana, hana... n'ayant peur de rien d'autre que d'être abandonnée encore une fois, c'est tout. elle aime l'attention et a vite compris, depuis ses jeunes années, comment faire pour l'attirer, en bien ou en mal. surtout en mal, ça fait réagir plus... elle n'est pas bête, hana, juste un peu pour continuer à tourbillonner dans ses problèmes. son gros égo l'empêche d'aller chercher de l'aide. hana, elle dit n'avoir jamais de peine. c'est pas faux, mais c'est surtout qu'elle la noie dans le matériel. acheteuse compulsive (quand elle ne vole pas), heureusement elle redonne à son prochain, mais c'est une éternelle boucle. hana est prise dans ses propres patterns qui ne sont pas toujours sains. elle apprend tranquillement, petit à petit, à s'en défaire, à coup d'expériences, d'essais et d'erreurs. pour elle, c'est important le paraître. c'est important depuis toujours. ça lui a pris sept ans pour assez bien paraître pour une famille... voyez-vous? difficile de changer ce qui est forgé depuis l'enfance. hana, elle est à prendre ou à laisser, et elle le sait.